L’Iliade. Chant 14.
Le chant 14 commence par le rappel des faits : le mur qui devait protéger les grecs est tombé. Et chacun se lamente.
Agamemnon conclut :
» Le mur élevé ne nous a pas servi,
non plus que le fossé,
eux pour lesquels ont tant pâti les grecs,
et dans lesquels, au fond du cœur,
ils comptaient avoir un inviolable abri
pour leurs navires comme pour eux-mêmes ! »
Le constat est amer.
Tout ce travail pour rien…
(mon intuition d’il y a deux jours était donc exacte :
construire un mur, une frontière, est une idiotie inutile. Elle coûte une force qui sera nécessaire ailleurs, et ne protège de rien… A bon entendeur, salut).
Une nouvelle fois (si ma mémoire est bonne, c’est la troisième fois), Agamemnon propose d’abandonner la guerre, et de fuir par la mer, en renflouant tous les navires durant la nuit.
Une nouvelle fois, Ulysse s’offusque. « Comment un chef peut conduire ses hommes avec tant de défaitisme ? »
Diomède, comme à l’accoutumée, renchérit sur Ulysse, et convainc tout le monde de rester combattre. Pour eux aussi, c’est la troisième fois qu’ils servent l’argument.
Etonnant tout de même, cette tentation permanente de l’abandon chez Agamemnon.
Mais Poséidon est toujours à leurs côtés, et lui aussi insuffle l’espoir de la victoire. Il pousse un cri à travers la plaine, un cri si puissant qu’une armée entière ne peut en pousser un plus puissant. Les troyens sont glacés à entendre ce cri.
Deuxième partie au chant 14 :
Héra décide qu’il est temps qu’elle intervienne. Elle s’habille de ses vêtements les plus irrésistibles pour n’importe quel mâle (fermez les yeux et faites votre propre image). Elle file chez Aphrodite pour demander les secrets de la séduction. celle-ci les lui donne. Elle descend chez Sommeil pour lui demander de l’aide, celui-ci la suit. Et enfin, elle se rend chez Zeus… qui, comme un bon gros beauf’ tombe dans le panneau. Je dis un bon gros beauf’, parce que, oui, sa femme est extrêmement séduisante, et il aurait été bien mal avisé de ne le pas remarquer. Mais enfin, devant tant de beauté, le pauvre ne peut s’empêcher d’énumérer à sa femme, par le menu, la longue liste de ses conquêtes féminines, des simples mortelles, en passant par les nymphes jusqu’aux déesses. Oui, je suis d’accord, c’est pour dire qu’Héra les surpasse toutes en … beauté (?), sex-appeal (?)… Mais enfin, on pourra tout de même se demander s’il est ultra-raffiné de comparer la femme que l’on compte allonger contre soi à toutes celles qu’on a conquises… en autant de coups de canif, comme on dit, dans le contrat de mariage qui nous unit à ladite belle. Vous voyez le tableau ? C’est assez drôle (encore une fois, dans cette Iliade). Et Zeus n’est pas fin.
Mais enfin, Héra ne s’en offusque pas. Evidemment, puisqu’elle est en train de lui jouer un chien de sa chienne.
La liste des conquêtes du mâle enfin terminée, elle l’allonge contre lui et… et… et… je sais pas, après, ils dorment (l’effet du Sommeil, qu’Héra avait convoqué). Je sais pas si vous voyez pourquoi Zeus dort ? Mais il dort.
Aussitôt Sommeil prévient Poséidon qu’il peut lâcher les chevaux. La grande brute qui favorise les troyens dort comme un sac. Alors Poséidon ne se cache plus et favorise clairement les grecs.
Le combat recommence, entre troyens et grecs. Les têtes tombent et tombent et tombent. D’un côté et de l’autre. Un troyen, puis un grec par vengeance et ainsi de suite… Jusqu’à ce qu’Ajax terrasse et assomme Hector avec une pierre que personne ne pourrait soulever. On emmène Hector à l’arrière. Et là, c’est le carnage, les grecs tombent sur les troyens et les massacrent.