L’Iliade. Chant 13.
(37ème jour de confinement…)
A la fin du chant 12, Hector a donc réussi à franchir le rempart grec. La porte a cédé et les troyens peuvent envahir le camp…
Curieusement, à ce moment, Zeus décide de regarder ailleurs. Ça fait quelques chants qu’il a décidé d’empêcher les autres dieux d’intervenir en faveur des grecs, et qu’il favorise nettement Hector. Là, Hector est à peu près rendu au point de pouvoir finir l’affaire, et Zeus décide de poser son regard ailleurs.
Chose tout-à-fait curieuse, Zeus semble même dans une contradiction complexe :
« Zeus veut la victoire des Troyens et d’Hector,
afin de glorifier Achille aux pieds rapides ;
non qu’il entende pour cela perdre l’armée grecque
devant les remparts de Troie ;
il souhaite seulement glorifier ensemble Thétis et son fils valeureux », nous dit Homère.
Thétis, pour rappel, c’est la mère d’Achille, qui à la demande de ce dernier, est allée demander à Zeus (un ancien béguin à elle) de faire gagner les troyens afin d’humilier Agamemnon (voir chant 1) pour une histoire de jolie fille enlevée.
On apprend donc au chant 13, que Zeus, pardon, je reprends la citation, « veut glorifier Achille », en faisant gagner les troyens, mais sans forcément faire perdre les grecs…
C’est un peu compliqué, ça. Non ?
On comprend peut-être pourquoi, au moment du massacre final, il regarde ailleurs.
Mais puisqu’il regarde ailleurs, le grand Zeus, eh bien, du coup Poséidon se sent le droit d’intervenir en faveur des grecs. Oh pas bien franchement, pas de manière ostentatoire, il ne veut pas d’emmerdements avec son frère, le Poséidon, mais bon, l’humiliation du camp grec, il n’en veut pas, il ne comprend pas pourquoi.
Donc Poséidon prend diverses formes humaines pour aller insuffler du tonus aux grecs.
Hector a percé le rempart et s’engouffre dans le camp avec des appétits d’ogre dévastateur ? Poséidon place les deux Ajax et leurs hommes juste en face de lui, tant et si bien qu’Hector est arrêté. Il a même failli être blessé.
Puis, fort de la certitude qu’Hector ne pourra passer les deux Ajax, Poséidon court motiver Idoménée et Mérion, deux héros grecs maousse costauds, de monter à l’assaut à la gauche du front troyen. Et là… c’est le carnage. Les troyens se font massacrer. A tel point qu’Hector, bloqué au centre, s’en rend compte, et décide d’interrompre le combat pour rassembler les forces.
Il faut rappeler (les grecs eux-mêmes semblaient l’avoir oublié) que les grecs sont à 10 contre 1… Passer le rempart ne semble donc pas être du tout le bout de l’épreuve pour les troyens. Et pour les grecs, l’on se demande ce qui les a poussé à construire ce rempart compliqué à défendre tandis que le combat face à face, sur terrain libre, leur semble beaucoup plus favorable.
Les grecs taillent littéralement en pièces les meilleurs des troyens. Bien sûr de valeureux grecs tombent aussi, ou se blessent, mais ils sont beaucoup moins nombreux à faire les frais des assauts troyens. Les troyens doivent reculer.
Hector a rassemblé tout son monde…
L’assaut ultime peut-il être lancé ?
Cliffhanger. La suite au chant 14 !
***
J’ajoute cependant à ce résumé une observation à propos du coup de colère de Ménélas. Rappelez-vous, Ménélas c’est le premier mari d’Hélène, enlevée par Pâris, le troyen. C’est ce qui nous est présenté comme le déclencheur de la guerre. Suite à une histoire de concours de beauté entre Athéna, Héra et Aphrodite… La guerre de Troie pour ramener Hélène. Mais ce fait a été contesté au chant 9 par Diomède, déjà. Lui, Diomède, dit que cette histoire de femme n’est pas la vraie raison de la guerre…
Dans ce chant 13, Ménélas massacre Pisandre.
« Ménélas atteint Pisandre au front,
au-dessus de la racine du nez.
Les os de l’homme crient ;
ses yeux sanglants tombent à ses pieds, sur le sol, dans la poussière ;
lui-même ploie et tombe ».
Et Ménélas triomphe. Il pose son pied sur la poitrine de l’occis et s’adresse aux troyens, au rang desquels figurent Hector et Pâris :
« Voilà comment vous quitterez le camp des grecs,
Troyens insolents,
qui n’êtes jamais las des affronts, de l’infamie…
Vous qui avez, pauvres sots !, pris le large en m’emmenant ma légitime épouse, alors que vous aviez reçu accueil chez elle ! »
Et surgit à nouveau la question de l’accueil, et du respect des hôtes, comme tant de fois exprimées dans l’Odyssée.
Les troyens ont emmené Hélène, certes, mais c’est, nous dit Ménélas, d’avantage parce qu’ils ont trahi les lois de l’accueil que leur cité sera détruite. Zeus est protecteur des hôtes et des liens de l’hospitalité, nous rappelle Ménélas, et ces liens ont été clairement rompu par Pâris.
Interesting, isn’t it ?

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