L’Iliade. Chant 7.
Deux parties, comme il se doit.
Première partie.
Hector et Pâris, les deux frères troyens, redescendent sur le champ de bataille. « L’espoir changea de camp, le combat changea d’âme » écrivait Victor Hugo. C’était une autre bataille. Mais ça marche ici aussi. Les voilà tous les deux qui décapitent à tour de bras.
Athéna, qui soutient nettement les grecs, décident d’intervenir. Apollon, qui soutient nettement les troyens, l’en empêche et la distrait. Tout deux se proposent d’interrompre la boucherie. Et de souffler dans la tête des combattants d’organiser un duel.
Assez étonnant comme idée, non ? Il y a eu un duel entre Pâris et Ménélas (voir chant 3) qui a viré à la pantalonnade. Et voilà qu’on en organise un second.
Du côté troyen, Hector s’avance donc et propose à tous de s’asseoir. Il défie un grec. Tous s’asseyent. Ça marche.
Du côté grec c’est un peu la stupeur. Hector est fort…(comme un turc ?) trop fort. Qui oserait s’affronter à lui ? C’est Achille, qui fait la gueule depuis le chant 1, qui devrait s’y coller avec joie. Et le pourfendre. Mais Achille continue à faire la gueule. Personne ne se présente. Alors Ménélas (l’homme du premier duel, et le premier mari d’Hélène, pour laquelle tout le monde est là) s’avance et râle lui aussi. Quoi ? Personne pour y aller. Bande de gonzesses. (Ici je suis obligé de faire une incise, pour m’excuser, pour cette expression absolument pas politiquement correcte aujourd’hui… il se fait que dans l’Iliade et dans l’Odyssée, chaque fois qu’un grec veut insulter quelqu’un… il le traite de quelqu’une, donc voilà mes excuses, mais là, je suis juste sur le texte tel qu’il est, que mes lectrices m’excusent, on est sur du Homère pur jus). Donc voilà, Ménélas, râle et décide d’y aller. On l’arrête aussitôt. Autant, Pâris était à sa portée (on l’a vu), autant Hector, c’est pas le même gabarit. Il va se faire tailler en pièce le Ménélas. Il en convient et retourne s’asseoir. Grand silence. Malaise. Second malaise même, puisque Ménélas s’était levé au premier malaise. Nestor, le vieux Nestor, vaillant guerrier d’autrefois, se lève alors. Il ne veut pas y aller. Pas fou… Beaucoup trop vieux. Une seule bouchée le Hector, il en ferait. Mais Nestor veut engueuler tous les grecs. Et il y va. « Moi, de mon temps… etcetera ». La diatribe porte ses fruits. 9 guerriers se lèvent pour défier Hector. Les meilleurs : Agamemnon (ce serait fou), les deux Ajax (trop forts), Diomède (qui a massacré tout le monde, dans les deux chants précédents), Ulysse… Ils sont 9. On tire au sort. C’est Ajax qui s’y colle. Avec joie.
Hector pâlit. Il voulait un grec… mais bon, pas le plus fort non plus.
Le combat s’engage, tout le monde est assis et admire.
C’est dingue quand même, il y a pas une demi-heure ils se foutaient tous sur le museau. Et là on est au spectacle. Au coude à coude. Plus de différences entre grecs et troyens… D’ailleurs quelles différences aurait-on pu voir ?
Hector y va. Ajax rétorque. Et à chaque fois, on le voit bien Ajax tape un peu plus fort qu’Hector.
C’est marrant, parce que c’est à ce moment du récit que je me suis dit que le poète, le vieil Homère, qui nous raconte l’histoire, eh bien, le vieil Homère, depuis le début, j’ai l’impression qu’il n’a pas choisi son camp. Quand il admire un grec il admire un troyen tout autant. Et quand il trouve divin un grec, il trouve un troyen glorieux, sacré ou vénérable… Il y a juste là, maintenant, Ajax qui tape plus fort qu’Hector. Mon idée, c’est qu’il a pas choisi son camp, Homère (qui pourtant est grec et connaît bien la fin…), parce que les deux camps, c’est les mêmes hommes, qui viennent des mêmes racines, qui ont le même mode de vie et qui vénèrent les mêmes dieux. Ils sont frères… Et manifestement ça pose bien plus de problèmes que d’être des étrangers (dont on a vu dans l’Odyssée qu’on les accueille avec bonheur – et quand on les a accueillis, on l’a vu au chant précédent, on échange les armes et on ne se bat pas… On s’entretue entre frères, quoi, sans limites…). Pourquoi Ajax est-il ici un peu plus fort qu’Hector ? Probablement le saura-t-on plus loin…
Mais la nuit tombe sans qu’aucun des combattants ne prenne nettement l’avantage. Tous retournent dans leur camp. Ripailler et dormir.
Deuxième partie.
De retour dans leur camp, les grecs s’entretiennent. Il faut brûler les morts et construire un mur-rempart. Genre, les troyens… c’est des mexicains… ou des palestiniens… ?
De retour dans leur ville, les troyens s’entretiennent aussi. Et l’idée, c’est plutôt d’abandonner Hélène et les trésors aux grecs et d’en finir avec cette guerre idiote. Ça fait plusieurs fois que les troyens reviennent avec ce discours. « Guerre idiote qui va nous coûter cher ». Pâris s’en offusque. Il refuse de lâcher Hélène. Les trésors d’accord. Mais pas Hélène. Les troyens capitulent (une nouvelle fois) devant Pâris.
Au petit matin on envoie Idée, le troyen, pour dire l’idée aux grecs (comme quoi il y a de la suite dans les idées). Les grecs se marrent… »Mais vous êtes déjà tous morts, on continue… ».
Idée rentre à Troie dire la mauvaise nouvelle.
Tandis que les grecs construisent leur mur.
Tous brûlent leurs morts, dans une journée qui est comme un cesser-le-feu.
Poséidon vient discuter avec Zeus, à propos du mur grec. Un mur ? Sur sa terre à lui, Poséidon, qui fait trembler la terre quand il veut ? C’est un défi arrogant. Zeus, ça l’emmerde de devoir répondre à Poséidon (depuis le début, j’ai l’impression que Zeus, tout l’emmerde, il faudrait Jean-Pierre Bacri pour jouer Zeus). Il lui accorde de détruire le mur des grecs quand tout sera fini. Tremblement de terre en vue. Poséidon dieu de la mer ? Aussi. Mais d’abord dieu des tremblements de terre et des tsunamis.
Manifestement quand les hommes construisent quelque chose, il y a toujours un dieu pour vouloir le foutre par terre. Mieux comme ça ?

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