Répondant avec joie à l’innombrable demande… je recommence au chant 1 de l’Iliade ! On est reparti pour 24 rendez-vous.
Ce qui est amusant : lire L’Iliade (qui raconte la guerre de Troie) après l’Odyssée (qui raconte le retour d’Ulysse à la fin d’icelle), alors que par habitude on dit « L’iliade et l’Odyssée », et non l’inverse. Tout de même, c’est logique, la guerre de Troie se passe avant le retour d’Ulysse qui revient de la guerre de Troie. Mais moi, j’ai d’abord lu l’Odyssée. Et puis je lis L’Iliade… Ah ah ah.
En vrai, j’ai triché. J’avais déjà lu l’Iliade. Je vais juste la relire.
Or donc.
L’Iliade. Chant 1. 25ème jour de quarantaine (pour aller au bout il faudrait que la quarantaine dure 48 jours. Si jamais c’est le cas, ne m’en veuillez pas, c’est pas moi qui décide).
L’Iliade. Chant 1.
Ce qui m’amuse, moi qui ai inversé l’ordre logique de la lecture, c’est que je viens de terminer l’Odyssée (l’Ulyssée), et que cette fin, ce chant 24 de l’Odyssée, je vous l’ai raconté, commence par un dialogue entre Achille et Agamemnon aux enfers, qui se racontent leurs obsèques. Achille est mort en héros à Troie. Agamemnon est mort assassiné en rentrant chez lui, et l’un et l’autre tombent d’accord : il aurait mieux valu à Agamemnon de mourir sur le champs de bataille… c’était plus classe.
Or non. Agamemnon est mort sous les coups de sa femme… Peut-être l’a-t-il cherché ? On verra.
Au chant 24 de l’Odyssée, Achille et Agamemnon semblent copains comme cochon, et bien d ‘accord : la vraie classe, c’est Pénélope et Ulysse. Fin de l’Odyssée…
Toujours est-il que ce chant 1 de l’Iliade n’a pas le même parfum. Achille et Agamemnon sont là, déjà. Et ils s’engueulent vertement. Pour une affaire de femmes. C’est assez drôle non, cet Iliade qui commence par une engueulade entre Achille et Agamemnon, une engueulade aux conséquences terribles, une engueulade que rien ne peut atténuer, et qui se soldera pas des tueries, cette Iliade donc qui commence par ça et cet Odyssée qui se termine par leur reconnaissance mutuelle, révérente.
Quelle est l’affaire ?
Le prêtre Chrisès veut récupérer sa fille Chriséis (littéralement, fille de Chrisès), enlevée par les grecs lors d’un pillage, et depuis cet enlèvement « propriété » (eh oui) d’Agamemnon. Enfin, un peu plus que propriété. Le texte la décrit comme vierge (fille d’un prêtre d’Apollon, ça demande quand même de la tenue), mais en réalité elle rentrera chez son père avec un polichinelle dans le tiroir, comme on dit… résultats des assauts consentis de cet Agamemnon (marié donc par ailleurs…). Bon.
Voilà. Agamemnon a pillé des villes, avec les autres grecs. On se partage le butin. Les plus jolies filles aux plus braves soldats… et aux rois. Donc Agamemnon a récupéré Chriséis. Son père (Chrisès) vient payer une rançon pour la libérer. Mais Agamemnon (qui reconnaît publiquement préférer nettement cette Chriséis à sa femme légitime, (Clytemnestre, pour ceux qui aiment savoir tous les noms)) humilie publiquement le vieux père. Erreur. C’est le prêtre d’Apollon.
Là-dessus Apollon fait pleuvoir les maladies (covid 19 ?) sur les grecs, et au bout de quelques jours on demande à un devin ce qu’il se passe. Ordre est alors donné de rendre Chriséis à son père. Agamemnon devra s’y plier.
Le problème c’est que ce coup-ci Agamemnon n’aura pas de rançon en contre partie. Et pour un roi, c’est indigeste. Du coup, comme il y est obligé par les dieux, Agamemnon rend la jeune femme à son père, et pique à Achille sa Briséis adorée, elle aussi reçue suite à un pillage de ville…
Achille est en colère. Une colère homérique. Il en appelle à sa mère, qui a l’oreille (et peut-être pas seulement l’oreille) de Zeus pour qu’elle obtienne de lui que les grecs perdent leur guerre contre Troie, pour faire payer à Agamemnon son larcin. Achille aimait Briséis infiniment. Rien ne dit qu’Agamemnon n’aimait lui aussi Chriséis infiniment…
Enfin voilà, on est au début du récit, et c’est le bordel dans le camp grec. Achille le plus solide des combattants déclare forfait. Et Zeus, sur la demande de la mère d’Achille, va favoriser les Troyens.
Vous avez suivi ? Moi j’ai relu plusieurs fois.
Comme toujours deux parties dans ce chant : une partie au bord du champ de bataille, pour un dialogue et des engueulades entre Achille et Agamemnon, au milieu de figurants, et une partie sur l’Olympe pour une engueulade entre dieux, pour savoir s’il faut, oui ou non, soutenir la demande d’Achille , à savoir faire perdre son propre camp, par vengeance. Zeus a tranché, ça sera oui. 23 chants, semblerait-il, devraient permettre d’inverser la chose…
Début de cliffhanger. Ça démarre fort, ça démarre pas dans le bon sens.