L’Iliade. Chant 18.
Patrocle est mort.
Hector l’a tué.
Et grecs et troyens se battent pour garder le corps. Les premiers pour l’honorer, les seconds pour se glorifier de sa profanation.
On a envoyé un messager prévenir Achille.
Patrocle est mort !
Et Achille s’effondre.
Sa mère accourt alors, pour le consoler. Il est inconsolable et partira venger son ami, au prix, il le sait, de sa propre mort.
Mais ses armes, données à Patrocle pour qu’il aille seul éteindre les navires en flamme, ont été dérobées par Hector. Et Hector, profanation ultime, s’en est revêtu.
Alors Thétis, la mère d’Achille, lui demande d’attendre que le jour finisse et qu’un nouveau jour se lève, afin qu’elle puisse aller chercher de nouvelles armes chez Héphaïstos.
Les grecs, pendant ce temps, ont ramené le corps de Patrocle à proximité de leur camp… avec les troyens à leurs guêtres. Hector n’a pas renoncé à récupérer le cadavre.
Alors Achille intervient. Sans arme. Il apparaît, vêtu de lumière. Il pousse un cri puissant, trois fois, et fait fuir l’armée troyenne, quand sa voix ne les tue pas sur place. Les grecs sauvent le corps de Patrocle.
Du côté troyen, la nuit tombée, on se rassemble. L’idée qu’Achille a quitté sa colère et a décidé d’intervenir en terrifie plus d’un. L’on demande de rentrer entre les murs de Troie. Pour être protégé par les remparts.
Mais nous, nous savons maintenant, que les remparts et palissades ne protègent de rien.
Et Hector, galvanisé par la mort de Patrocle, pour une fois, ne veut pas reculer. Il veut en découdre dès l’aube, au pied des navires grecs. Les troyens décident de rester là jusqu’à l’aube. « Les fous », nous dit Homère. Hector propose même que l’on consomme immédiatement toutes les richesses de Troie, afin qu’elles ne tombent jamais aux mains des grecs. Une ironique préfiguration du fameux « encore une que les boches n’auront pas »… Ce qu’ils font donc.
Du côté grec, on pleure Patrocle. On lui rend les hommages dûs aux morts. On le lave, on l’oint.
« On le dépose sur un lit ;
de la tête au pieds, on le couvre d’un souple tissu,
et ensuite, par-dessus, d’un carré d’étoffe blanche ».
Et on le pleure.
Et pendant ce temps là, Thétis, la mère d’Achille s’est rendue chez Héphaïstos, le dieu forgeron. Et celui-ci accepte de réaliser de nouvelles armes pour Achille.
Le bouclier est sûrement la pièce la plus magnifique et la plus remarquable qu’on puisse imaginer.
Il est composé de cinq cercles excentriques.
Au centre, L’Ourse, et l’étoile du nord, celle autour de laquelle toutes les autres tournent, et, fidèle à l’image du ciel, toutes les étoiles, les Pléiades, Orion, le chariot…
Au deuxième cercle, deux villes, l’une en paix, l’autre en guerre. Et dans la ville en paix, il y a un conflit, et dans la ville en guerre, des femmes, des enfants et des joies simples. Rien n’est simple justement.
Au troisième cercle, un champ fertile. Et sur lui, l’effet des 4 saisons. Un vignoble également et un troupeau de vaches.
Au quatrième cercle, une place de danse. Des acrobates, de la musique, un chœur…
Le cinquième et dernier cercle, c’est la force de l’Océan qui entoure et délimite tout. Qui conduit à la mort également.
Le bouclier d’Achille, c’est le monde en son entier, en cinq cercles dont pas un ne doit manquer, le monde entier qu’il portera au bras… demain…

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