Odyssée. Chant 17.
Ta em polei (à la ville).
Ulysse prend le chemin de la ville. Accompagné d’Eumée, le porcher. En chemin, ils rejoignent Mélanthéus, le chevrier. Celui-ci ridiculise Ulysse et lui envoie un coup de pied. En Ithaque, manifestement, tout le monde n’accueille pas de la même façon. Mélanthéus se permet
« Voilà le roi des gueux (Eumée) qui mène un autre gueux (Ulysse) ! comme on voit que les dieux assortissent les paires ! »
Evidemment, le chevrier se base sur l’allure d’Ulysse, clochard crado, pour se permettre ça. Mais le lecteur affûté reliera cette phrase (bien qu’elle soit dans la bouche de Mélanthéus, elle n’en est pas moins vraie, c’est là le cocasse) à celle qui clôturait le chant précédent :
« On mangea, tout à la joie de ce repas d’égaux »…
Et la question se pose, mais la poser c’est y répondre, qui est l’égal de qui dans cette égalité ? Ulysse tel un porcher ? Ou le porcher tel un Héros, un roi ?
Mélanthéus a son avis, nous aurons le nôtre.
Ulysse arrive au palais. A l’entrée, son chien le reconnaîtra, et mourra aussitôt, après l’avoir attendu 20 ans.
Télémaque offre le boire et le manger à ce clochard (qu’il sait donc être son père), selon la tradition, et l’accueil voulu par les dieux.
Ensuite Ulysse fera le tour des convives (les prétendants de Pélélope), pour mendier encore à manger et à boire. Et l’on peut dire qu’il sera mal reçu. Pas de chance, c’était le test pour trier les bons des mauvais : tous mauvais.
Antinoos, l’un des prétendants : « Porcher, te voilà bien ; amener ça (Ulysse) en ville, voyons ! Nous n’avions pas assez de vagabonds, d’odieux quémandeurs ? »
Et Eumée, le divin porcher de répondre, de ces mots ailés :
« Vilains mots pour un noble ! Quels hôtes va-t-on quérir à l’étranger ? Ceux qui peuvent remplir un service public ? devins et médecins et dresseurs de charpentes ? ou chantre aimé du ciel qui charme les oreilles ? »
Et Ulysse de conclure :
 » Que de fois j’ai donné à de pauvre errants, sans demander leur nom, sans voir que leurs besoins ! »
Les dieux ont une loi. L’accueil. Et la respecter permet de faire le tri entre bons et mauvais.
Faut-il que pour que nous accueillions, le syrien soit porteur du diplôme de médecin ? Ulysse répond pour nous.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *