Iliade. Chant 11.
Au chant du coq.
Entendons-nous bien, il n’y a évidemment pas de coq qui chante dans la mythologie grecque. C’est seulement chez nous que le coq chante, et encore, je n’en ai pas entendu chanter depuis bien longtemps. Suis pas sûr qu’il chante à l’aurore, le coq. Pourtant avec le confinement, il fait drôlement calme, par ici, et s’il y avait un coq, je l’entendrais…
Non, dans la mythologie, c’est Aurore, une déesse, qui se lève, en même temps pour les mortels, et pour les immortels.
Et ce jour-là, Zeus, tiré du sommeil par Aurore, envoie alors Lutte, l’affreuse Lutte, réveiller les grecs. Et ça les booste à fond, les grecs, le cri de la Lutte.
Tout le monde s’arme et fonce au combat.
Du côté troyen, c’est pareil.
La journée commence fort pour les grecs : Agamemnon a un moral d’acier (à une époque où tout le monde est équipé de bronze, c’est une force manifeste). Et le voilà qui défonce les troyens par paquet de 12.
Zeus confie alors à Hector, le héros troyen, qu’il convient d’attendre tranquillement qu’Agamemnon soit blessé avant d’intervenir. Qu’à partir de là, ce sera du velours pour Hector. Mais tant qu’Agamemnon est là, c’est la catastrophe. Une véritable boucherie en faveur des grecs.
(C’est un parfait salaud, ce Zeus, parce que tout de même, il prend le parti d’Hector, alors qu’Agamemnon est son arrière-arrière-petit-fils… En qui croire ?)
A se demander à quoi Zeus joue. Donner un coup d’air aux grecs… puis les enfoncer ? Enfin, il a promis à la mère d’Achille : les grecs doivent perdre de manière humiliante.
Agamemnon trucide les troyens de manière éclatante, mais voilà, une flèche tirée de loin… une blessure au bras… Agamemnon continue de frapper, mais sa douleur au bras rappelle la douleur de l’enfantement (c’est drôle parce que, pour un grec, l’insulte suprême, je vous l’ai dit, c’est de traiter son adversaire de gonzesse, mais, en même temps (vous le sentez, cet « en même temps » ?), la douleur suprême, celle qui honore l’être humain, celle qui est indépassable, pour laquelle il faut reconnaître l’incroyable résistance et pour laquelle il faut avoir l’admiration la plus totale pour celle/celui qui l’endure, donc d’abord « celle », c’est la douleur de l’enfantement… Paradoxal ?). Agamemnon blessé, il retourne se soigner dans son camp.
Et là, le combat change d’âme une nouvelle fois. Hector s’engage. C’est du côté grec que ça tombe par paquet de 12.
Les héros grecs s’emmêlent alors. Diomède, Ulysse, Ajax… Mais les uns après les autres ils sont blessés. La pression contre le camp grec est de plus en plus importante.
Le combat semble pourtant parfois équilibré, tandis qu’Hector attaque sur une aile, les grecs sont de l’autre côté… Ils pourraient enfoncer la ligne troyenne. Mais Hector se porte partout où le risque est grand. Ce que l’on peut constater : une solidarité hors pair des grecs. Quand l’un d’entre eux est blessé, les autres se portent à son secours. Et l’on ne déplore aucune perte de héros.
Cependant ils sont blessés. Et une bataille peut se perdre sur des quarts d’heure de faiblesse momentanée.
Hector est au bord de donner l’assaut final.
Achille, qui fait toujours la gueule sous sa tente, voit défiler les blessés. Patrocle, qui veille sur lui depuis le départ du pays, va aux nouvelles. Et le vieux vieux Nestor, qui a connu plus d’une bataille et sait plus d’une sagesse, lui rappelle que c’est à lui, Patrocle, d’appeler Achille à ses responsabilités. Mais tout le monde dit que c’est trop tard…