Jour 7 – 7ème chant de l’Odyssée
« Est-il rien de plus chien que ce ventre odieux ?
Toujours il nous excite,
et toujours nous oblige à ne pas l’oublier,
même au plus fort des nos chagrins, de nos angoisses !
Quand j’ai le deuil au cœur,
il faut manger et boire ;
il commande et je dois oublier tous mes maux :
il réclame son plein ».
ainsi parle Ulysse lorsqu’il arrive chez Alkinoos, en Phéacie.
Et, comme je le disais hier, on le nourrit d’abord, on lui demandera son nom et les raisons de sa venue plus tard…
Voilà une nouvelle confirmation de ce qui est considéré comme « civilisé ».
Mais mon propos, ce soir, veut aller plus loin.
La Phéacie n’est pas présentée par le poète comme un endroit très accueillant (on voit donc ensuite qu’ils respectent quand même un minimum… oui un minimum…).
Et ce passage en Phéacie est intéressant aussi pour mieux comprendre Thèbes et Œdipe…
Ce qui est particulier en Phéacie, cette ville donc très xénophobe présentée comme telle par la fille (Nausicaa) du Roi qui y règne (Alkinoos), et décrite de manière très péjorative, c’est que le Roi et la Reine sont issus des mêmes parents.
« ne regarde personne et ne demande rien. Les étrangers ici reçoivent peu d’accueil ; à qui vient du dehors on ne fait pas grand fête ni même amitié » dit Nausicaa à Ulysse, quand elle lui demande de la rejoindre discrètement, très discrètement, chez son père.
Donc, le Roi et la Reine sont issus des mêmes parents. Et c’est cela qui semble problématique. C’est cela, cette sorte de consanguinité, qui semble être la base de leur xénophobie. Le Roi a en effet épousé la fille de son frère (oui, relisez deux fois : le roi avait un frère, qui est mort laissant une fille, et le roi a épousé cette fille, sa nièce. La petite fille de ses parents à lui, et ils auront cette fille Nausicaa). Où l’on voit donc que Jocaste et Laios (qui descendent tous les deux de Cadmos) ne sont donc pas les premiers de la liste.
La Phéacie, par ailleurs, est décrite comme un jardin de paradis. Un peu comme cette ville magique de Thèbes, aux 7 portes. Mais un paradis habité par des, comment dire avec tact, des gros cons. Enfin…, le roi, grâce à la reine, se montrera respectueux des usages voulus par les dieux.
Mais je ne peux m’empêcher de faire ce parallèle entre Thèbes et la Phéacie de l’Odyssée : il y a un problème à l’entre-soi. Cet entre-soi que refuse l’Odyssée depuis son premier chant, qui milite pour l’accueil. La seule cité qui risque de refuser cet accueil est dirigée par un couple consanguin. Comme Thèbes, par Jocaste et Laïos…
Le thème de l’accueil de l’étranger et de la différence se trouve bien à toutes les pages de cette Odyssée. Curieux ? Peut-être pas. Central.
A demain