L’Iliade. Chant 22.
Les troyens se sont repliés à l’intérieur de leurs remparts (est-ce une solution ? nous savons, nous qui avons lu chaque chant de cette Iliade, que non). Les grecs ont afflué tout autour.
Un seul mort, pour tout ce chant. C’est presque un exploit .
Hector reste devant les portes. Non qu’il ait un courage démesuré. Mais il se souvient qu’il a refusé aux troyens de rentrer dans les murs de la ville, la veille à peine. Il a honte de la débâcle qui a suivi son choix. Il ne peut rentrer dans les murs alors qu’il a refusé à tous ce repli.
Achille, qu’Apollon a fini de perdre, retrouve le chemin de la ville. Les grecs sont massés autour des remparts, l’arme au pied.
Achille aperçoit Hector qui l’attend. Hector aperçoit Achille qui illumine… Pris de panique Hector fuit. Ce n’est pas la première fois. Achille le course. Trois fois, ils font le tour de la ville. Hector ne s’essouffle pas, même s’il n’a aucune chance d’échapper à Achille. Achille ne rattrape pas Hector, même si celui-ci n’a aucune chance de rentrer par une porte dérobée. Les grecs ont pour ordre d’Achille de ne pas intervenir.
Au quatrième tour, Zeus sort sa balance. La vie d’Hector contre celle d’Achille. Zeus envisage encore de sauver Hector. Athéna le menace. Pourquoi sauver une vie de mortel ? Quel sens de dérober à la mort qui tout achève quelqu’un qui devra tout de même s’y plier… La balance est sans équivoque. Zeus renonce.
Athéna alors apparaît à Hector sous les traits (comme toujours, d’un ami) de Déiphobe, héros troyen (son frère). Et celui-ci/celle-ci donne le conseil à Hector de faire face à Achille, que l’un et l’autre sachent enfin qui est le plus fort.
Hector fait alors face.
Après une pitoyable poursuite, le combat.
Achille lance sa javeline.
Il manque Hector.
Hector lance la sienne et touche le bouclier fabriqué par Héphaïstos. Aucune chance qu’il pique.
Il y a une petite différence entre les deux hommes. Comme dans les westerns. Vous savez ? Dans les westerns, les colts ont 6 coups. Pas un de plus. On charge 6 balles, et l’on tire six coups. Et quand le revolver a tiré 6 coups, il est inutile d’espérer en tirer un 7ème. Sauf pour John Wayne, qui tire autant qu’il veut.
Ici c’est pareil. De javeline, les deux hommes en ont une chacun. Chacun à leur tour, ils l’ont lancée.
Comme dans un duel de Barry Lyndon, chez Stanley Kubrick.
Un coup chacun.
Sauf que la javeline d’Achille, une fois le coup manqué, revient dans les mains d’Achille, par la grâce d’Athéna.
Tandis qu’Hector doit se contenter de son glaive.
Glaive contre pique… Le combat ne dure qu’une seconde et demi. Hector, qui porte les armes de Patrocle, c’est-à-dire les armes d’Achille, est terrassé par un défaut à la cuirasse qu’Achille n’a eu aucun mal à trouver…
Hector est mort.
Un seul mort, je vous ai dit. Et sans grand suspense.
Achille perce les talons d’Hector pour y passer une corde (oui comme l’on fit à Œdipe à sa naissance), attache le cadavre à son char, et rentre au camp grec en trainant le cadavre d’Hector dans la poussière de la plaine troyenne (encore une image de western, la tête du mort qui rebondit derrière la course des chevaux). Il rentre, Achille, pour rendre les hommages dûs à Patrocle.
Chez les troyens, Priam et Hécube, père et mère d’Hector, pleurent leur fils. Andromaque, sa femme, pleure également son mari, et son fils orphelin. Pour l’orphelin, personne n’a d’égards bien longtemps…